mardi 19 février 2013

Flight ( Robert Zemeckis, 2013)


Il y a certaines choses que l'on a du mal à s'avouer à soi même. Mais oui, j'aime bien le cinéma de Robert Zemeckis. Je ne vous parle pas de ses premiers films, sa période faste où dans les années 80, il tourna les meilleurs divertissements familiaux qui ont pu être donné à voir (La trilogie Retour Vers le futur, Roger Rabbit...) mais bien de son cinéma plus sérieux, ses films comme Contact, Forrest Gump ou encore Seul au Monde où, sous couvert d'une histoire assez improbable, le réalisateur va chercher pour certains le fondement de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus naïve, de plus désarmante ou pour d'autre collabore à la mise en place d'une mythologie holywoodienne niaise, exécrable et malsaine dans les répercussions qu'elle peut entrainer sur nos personnalités influençables. 

Qu'en est il alors de son dernier opus, Flight? Attention, il me sera difficile de commenter le film sans spolier tout son déroulement donc, si vous ne l'avez pas vu, abstenez vous de lire les lignes qui suivent ou si vous ne pouvez vraiment vous en empêcher (et je ne pourrais pas vous blâmez pour ça), rendez vous d'abord dans votre cinéma préféré ou volez la malheureuse industrie du cinéma en téléchargeant le film, que vous pouvez trouver en qualité plus que convenable sur des sites que vous connaissez très bien, ne jouez pas aux innocents...

Flight est l'histoire d'un pilote d'avion qui a tendance à abuser des plaisirs de la vie : vodka, cocaine et pétards bien chargés font partie de son régime de santé quotidien. Un matin, l'avion dont il est au commande se crash, seul son instinct et son sens de la voltige hors du commun permettront d'éviter un beau charnier dans le gros oiseau de métal. Après cette scène d'action spectaculaire, le film se focalise sur les problèmes de dépendance du héros. Suite à l'enquête menée après le crash, il devra se confronter publiquement avec sa tendance à la bibine et à la snifette avec en toile de fond un choix : mentir (et pour le coup se mentir à soi même) et sauver sa peau et son anus délicat des murs de la prison ou être franc (et pour le coup ne plus être dans le déni de son problème) mais allez faire un tour quelques années là où pas grand monde a envie de trainer trop longtemps. Notre héros choisira la deuxième option. En refusant de mentir publiquement et de salir la réputation post-mortem de sa compagne hôtesse de l'air, dans un grand moment d'honnêteté émouvant et tout et tout, il assumera son problème d'alcoolisme, reconnaitra de conduire des gros avions rempli de passagers innocents sous influence toxique et passera par la case prison sans gouter à son statut de héros ordinaire, alors qu'il lui suffisait d'un mensonge clamé bien fort pour s'en sortir une fois pour toute. 

Alors, que penser de ce dénouement, puis du film en général, tant qu'on y est?  Car finalement, en se refusant d'explorer le malaise interne du héros pour n'en dévoiler que les conséquences visibles, le film pose une question de taille : qui sommes nous quand on nous le demandera? Sous couvert de ce qu'on pourrait prendre pour de la morale simpliste, il me semble que l'enjeu de l'histoire est totalement autre. C'est l'histoire d'un homme qui retrouve son identité, qui se réconcilie avec ce qu'il est malgré lui, ce qu'il n'accepte pas d'être. Ce que semble confirmer la dernière réplique du film, quand le fils demande à son père :"Qui es tu?". Alors oui, on peut argumenter, et ne percevoir dans cette histoire de rédemption qu'une énième expression d'une Amérique moralisatrice qui complote secrètement pour que nous finissions tous en larmes dans des thérapies collectives parce que nos parents ne nous aimaient pas assez fort et qu'on ne peut s'empêcher de boire trois thé vert d'affilée le matin, que l'on n'en s'en fasse pas, Jésus viendra bien tous nous sauver à un moment ou à un autre. Mais il m'a, très personnellement, semblé voir quelque chose de plus puissant que de la simple morale : de la maturité. Dans une époque où l'individu se définit principalement par ce qu'il consomme, happé par un présent que l'on nous vends comme sans cesse renouvelable, ou ce qu'on représente compte plus que ce que l'on est, l'acte héroïque n'est peut être pas de sauver un avion de la catastrophe mais bien d'arriver à se regarder en face dans un miroir que nous seuls connaissant réellement et de dire : "Voilà qui je suis, même si je ne préférerais pas". Préférer la vérité aux arrangements de circonstance, être entier pour changer un peu.

Voilà, sans révolutionner le cinéma, Flight me semble être un bon film, assez calme ( avec parfois quelques trous d'airs au niveau du rythme), assez bien joué, un film américain plus intelligent qu'il n'y parait. Et entre le dernier Tarantino et Die Hard 5, ça fait du bien...


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